Le bouton rouge: Comment les États-Unis ont interdit à un procureur de la Cour pénale internationale d'accéder à son courrier électronique

La souveraineté numérique n'est plus un concept abstrait

Imaginez: Vous êtes un avocat internationalement respecté, procureur en chef à la Cour pénale internationale (CPI), et tout à coup, vous ne pouvez plus accéder à votre courrier électronique. Pas parce que vous avez oublié votre mot de passe ou que votre compte a été piraté. Non, parce qu’une puissance étrangère, les États-Unis, a décidé que vous ne devriez plus avoir accès à vos propres communications. C'est ce qui est arrivé à Karim Khan., procureur en chef à la CPI, après que les États-Unis lui aient imposé des sanctions pour des enquêtes sur des crimes de guerre présumés commis par les États-Unis.

La souveraineté ne signifie rien si vos données sont contrôlées par quelqu'un avec un bouton rouge.


Microsoft comme outil géopolitique

L'email de Khan s'est avéré être hébergé par Microsoft. Pas de parti obscur, pas d’infrastructure peu claire – juste l’une des plus grandes entreprises technologiques au monde, ayant son siège aux États-Unis. Ce n’est pas la première fois que Microsoft fait l’actualité en tant qu’extension des intérêts américains, mais cet exemple est extrêmement illustratif. À la suite des sanctions, Khan a perdu l'accès à son compte Microsoft, ce qui signifie qu'il a partiellement perdu son identité numérique.

Toute personne qui peut vous refuser l'accès à vos données a le pouvoir réel.


La souveraineté commence par les choix informatiques

Cette affaire souligne une vérité gênante: Les pays, les organisations et les individus qui comptent sur les fournisseurs de cloud américains s'exposent à des décisions unilatérales qui n'ont rien à voir avec l'état de droit dans lequel ils vivent ou travaillent. Choisir un fournisseur de cloud n'est plus une question de prix ou de commodité. C'est un choix qui touche à l'autonomie, à la sécurité juridique et parfois même aux droits de l'homme.

Le nuage n'est pas un endroit neutre. C'est un territoire avec des lois, des intérêts et parfois des sanctions.


Des alternatives européennes existent – et sont nécessaires

Ce qui est amer, c'est qu'il existe maintenant des alternatives européennes qui accordent la priorité à la vie privée, à l'indépendance et à la sécurité juridique. Pensez à Nextcloud, Proton, Tutanota, Tresorit ou même au service de traduction européen de la Commission européenne. Pourtant, de nombreux gouvernements, entreprises et même tribunaux continuent de s'accrocher à Big Tech. Non pas parce qu’elle doit le faire, mais parce qu’elle «a tellement grandi».

La dépendance est rarement le résultat de mauvaises intentions, mais souvent de paresse.


Ce que vous pouvez faire – en tant que professionnel et citoyen

En tant qu'ingénieur de données, architecte ou décideur, vous pouvez faire la différence. Demandez-vous où vivent vos données. Regardez vos fournisseurs, vos partenaires d'hébergement, vos services de messagerie. Votre infrastructure numérique résiste-t-elle aux pressions géopolitiques? Ou votre accès peut-il être désactivé un jour, en appuyant sur un bouton?

La souveraineté ne commence pas à La Haye ou à Bruxelles, mais avec chaque choix que vous faites dans votre pile technologique.


 

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